Johnny Hallyday et Jean d'Ormesson
Deux Gémeaux nés, morts et honorés publiquement à 1 jour d'intervalle.
Au delà de leurs différences évidentes (milieu, enfance, parcours, vocation...) qu'est-ce qui rapproche ces deux monstres sacrés ? Qu'ont-ils en commun ?
En effet, comme beaucoup d'entre vous, j'ai été frappée par le fait qu'ils soient nés tous les deux dans le signe des Gémeaux avec un jour d'écart (Johnny le 15 juin, d'Ormesson le 16 juin), bien sûr pas de la même année (1943 pour Johnny et 1925 pour Jean d'O) et décédés avec le même écart (d'Ormesson le 5 décembre 2017 vers 3h du matin et Johnny le 6 un peu avant 2h).
Surtout lorsqu'on a entendu Jean d'Ormesson, dans une sorte de prémonition, expliquer en 2008 à Thierry Ardisson "qu'un écrivain doit faire attention à la façon dont il meurt...c'est très mauvais par exemple de mourir en même temps que Piaf qui a pris toute la lumière et a éclipsé la mort de Cocteau...". Car qui peut nier que, malgré la notoriété et la popularité de Jean d'Ormesson et l'hommage national qui lui a été rendu, sa disparition a été quelque peu voilée par celle de Johnny Hallyday, le "Boss", la légende du rock français idolâtrée par la foule ? Ainsi la "crainte" de Jean d'Ormesson s'est-elle réalisée....et leurs destinées par ces faits troublants resteront liées malgré eux.
Deux Gémeaux donc, nés à Paris, caractérisés tous deux par le magnétisme de leur regard bleu qui nous attirait immédiatement et nous épinglait.
Dans le thème de tous deux également Mercure est en Gémeaux ce qui témoigne d'un mental très adaptable, souple, curieux de tout et de tous, aimant les échanges, les jeux de mots, le changement, la nouveauté. Ces deux Mercures présentent en outre la particularité d'être placés en avant du Soleil, donc d'être de type Prométhée (ou étoile du matin) renforcant le côté spontané du mental Gémeaux et procurant une pensée anticipatrice, tournée vers le futur, intuitive, parfois inspirée, avec une tendance à agir avant de réfléchir ou de ne pas agir d'après ses expériences.
On remarque dans les deux cas la conjonction de Mercure à Cérès (certains astrologues modernes attribuent à cet astéroïde la maitrise de la Vierge, d'autres une simple analogie avec ce signe) orientant ce Mercure touche à tout et juvénile vers une spécialisation, un esprit plus méthodique, analytique, perfectionniste, une certaine réserve ou pudeur dans l'expression.
Chez d'Ormesson le trio étroitement relié, Soleil-Cérès-Mercure en Gémeaux, le Soleil gourvernant la maison III (les écrits, la communication) signe l'écrivain prolifique dont certains titres de livres évoquent bien le signe double, mobile, éclectique et facétieux des Gémeaux : "Jean qui grogne et Jean qui rit", "Presque rien sur presque tout", "Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée", "Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit"...
Vénus en Cancer conjointe à l'Ascendant souligne l'élégance du personnage et l'incline à parler d'amour : "L'amour est un plaisir" (son premier roman publié en 1956), "C'est l'amour que nous aimons" (sa Vénus maitrise la maison V, celle des plaisirs et de la création) ; mais Vénus est aussi conjointe à la Lune noire et à Pluton, colorant l'amour de nostalgie, de désillusion, de souffrance : "Un amour pour rien", "Mon dernier rêve sera pour vous", "Et toi mon cœur pourquoi bats-tu" (notons qu'il est décédé d'une crise cardiaque alors que Saturne, maitre de sa maison VIII (la mort) conjoint à Mercure, dispositeur de son Soleil, accompagné de la Lune noire s'opposaient à son Soleil natal (le coeur)).
Chez Johnny Hallyday la conjonction de Mercure-Cérès (les 2 maitres de son AS Vierge) prend une autre tonalité car Cérès est dans le Taureau, signe relié à la voix, au chant qui devient ainsi son mode d'expression privilégié. Comme chez d'Ormesson Mercure et Cérès sont inclus dans un trio planétaire, mais chez Johnny Uranus remplace le Soleil et donne à sa voix une puissance électrique et à ses chansons l'énergie du rock.
La tessiture et le timbre de sa voix s'expriment évidemment aussi par la conjonction de Vénus à Pluton en Lion, Vénus gouvernant la maison II (analogue au Taureau, donc à la gorge, la voix).
N'étant pas spécialiste en matière vocale je préfère donner la parole à Elene Golgevit, professeur de chant au Conservatoire national de Paris : "La puissance est une caractéristique évidente de la voix de Johnny Hallyday....Sa voix est une combinaison d’un médium très charnu, profond, dans lequel il a introduit une saturation harmonique qui colore son timbre....Ses fréquences sont de plus en plus élevées pour tenir les gens en haleine, comme un acte de bravoure pour remporter l’adhésion du public. C’est ce que son auditoire vient entendre, la mise en danger, l’animalité, une combinaison force-faiblesse qui lui permet de rechercher la rupture du son en permanence....Chaque voix est singulière, plus ou moins intéressante, chatoyante à l’oreille. La voix de Johnny, elle, est un média, conclut Elene Golgevit. C’est son engagement viscéral qui a transcendé sa voix". Quelle meilleure analyse pour rendre compte de l'expression vocale d'une Vénus-Pluton en Lion au trigone de Mars Bélier, au sextile de Mercure-Uranus et d'une Cérès en Taureau au sextile de Jupiter et au trigone de Neptune !
Sa réussite éclatante et la longévité de sa carrière de rockeur se lit à travers le MC Gémeaux aux mi-points exacts de Saturne (en X) et d'Uranus (en IX) et du Soleil - Mercure, ainsi qu'aux sextiles de Mercure-Cérès à Jupiter-Pluton et au trigone Mercure-Cérès à Neptune en I : ces aspects des 2 maitres de l'AS, Mercure et Cérès, à Uranus et Neptune l'ont infailliblement ouvert à la musique.
Ces deux géants avaient aussi en commun une nature secrète, une intimité qu'il n'était pas facile de percer mais qu'ils ont dévoilé parfois, l'un dans ses écrits, l'autre dans ses chansons : chez d'Ormesson Soleil-Mercure-Cérès sont en maison XII, chez Johnny le Soleil est au MC, bien visible (c'est un être solaire sur scène), mais il est maitre de la XII, là où l'on cache ses ombres, ses épreuves, sa prison intime.
Chez l'un comme l'autre le drame de leur vie s'est noué autour de la figure du père : le Soleil conjoint à Saturne et au carré de Neptune renvoie à la blessure d'abandon vécue par Johnny (quelques jours après sa naissance, son père a vendu les meubles, dont le berceau du petit Johnny et 8 mois plus tard, il a quitté le domicile conjugal laissant le bébé dans une couverture sur le sol). Ecoutons Johnny parler de son père : "J’ai un seul regret : ne pas avoir réussi mon chemin avec mon père. Ça m’a poursuivi jusqu’au jour où il est mort." Et " j'ai essayé d'aider mon père : j'ai fait ce que j'ai pu mais ce n'était pas toujours facile. Je lui avais pris un appartement et je reçois des coups de téléphone pour me dire qu'il avait mis le feu. Quand vous lui achetez des costumes Cerruti, il les revend".
Quant à son père, Léon Smet, voici ce qu'il dit de son fils en 1983, au cours d'un entretien à la télévision belge : "Il mène sa vie, il a brillamment réussi, je lui souhaite tout le bonheur mais à part ça je m'en fous". Tout est dit.
Jean d'Ormesson, lui, a raconté dans son livre Qu'ai-je donc fait ? comment il est tombé amoureux de l'épouse de son cousin, est parti avec elle pour l'abandonner peu de temps après... qualifiant ce moment de "désastre". Selon lui son père ne s'en serait jamais remis et "est mort persuadé que j'étais un voyou, un bon à rien, que j'étais perdu....c'était une déchirure pour moi". Il dit encore "Si je suis entré à l'Académie française, si j'ai été directeur du Figaro, si j'ai fait un semblant de carrière à l'UNESCO, c'est évidemment pour obtenir le pardon de mon père".
Cette blessure secrète de rejet peut se lire dans la conjonction du Soleil avec Cérès en XII (n'oublions pas que Cérès est porteuse d'une faucille et est descendue puis remontée des enfers et en cela elle entre en résonnance avec les principes d'attachement et de détachement, d'abandon ou de rejet, de séparations ou de deuils). La blessure de culpabilité et de rejet est confirmée par le sesqui-carré du Soleil à Saturne et le carré du Soleil à Uranus (syndrome d'être le mouton noir de la famille).
Dans le thème de chacun la conjonction Vénus-Pluton-Lune noire atteste leur présence magnétique et leur nature amoureuse passionnée et tourmentée, plus flamboyante pour Johnny puisqu'en Lion en XI (et s'exprimant par sa voix comme je l'ai dit plus haut), plus romantique pour Jean d'O puisqu'en Cancer en I.
Et enfin autre point commun : leurs axes des Noeuds lunaires sont dans les mêmes signes, leurs Noeuds Sud en Verseau (un karma de génies (à leur façon) ? de rebelles (à leur façon également) ? d'individualistes ? pour les deux hommes Uranus trône pas loin du zénith), leurs Noeuds Nord en Lion leur intimant d'incarner pleinement et consciemment leur idéal, leur héros intérieur, leur être véritable.
Au moment de leur mort l'axe des Noeuds lunaires revient dans les mêmes signes qu'à leur naissance (Verseau-Lion) et exactement sur sa position natale pour Johnny Hallyday semblant sceller sa destinée sur l'approbation des promesses tenues. Pour Jean d'Ormesson le Noeud Nord en Lion est depuis peu passé sur son Neptune natal, maitre du MC, le sacrant une 2ème fois immortel* par l'entrée de son oeuvre dans la Pléiade.
Finalement l'aiguillon de la blessure paternelle les a mené l'un et l'autre au sommet de la réussite et des honneurs, Jean d'Ormesson pour se faire pardonner, Johnny Hallyday pour se faire regarder et reconnaitre.
*A son entrée à l'Académie française (le 18 octobre 1973) Jupiter, maitre comme Neptune du MC Poisson, était sur son Noeud Sud natal.
Le 11/12/2017
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Date de dernière mise à jour : 17/03/2022