Dominantes planétaires

 

Une pléiade d’articles astrologiques ont été écrits sur les dominantes planétaires alors pourquoi pas un de plus n’est-ce pas ?

L’interprétation d’un thème natal est si riche et complexe que l’on peut facilement se perdre dans les détails, le foisonnement d’informations et commettre des erreurs de sur- ou sous-estimation de la valeur d’une planète. Aussi il est indispensable pour avoir une vision plus juste, synthétique et qualitative de visualiser rapidement la ou les planètes qui dominent l’ensemble du thème.

La (ou les) planète(s) dominante(s) sera celle qui aura l’action la plus prépondérante sur la nature et l’évolution du sujet. Elle domine en puissance tout le thème natal.

 

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L’astrologue André Barbault définit la dominante comme la signature astrale du natif, expression de son style général, de cette marque souveraine qui caractérise la composition synthétique d’un être et d’un destin. Elle détermine son attitude globale devant la vie, annonçant du même coup son mode d’existence concrète, tant l’être fait corps avec son destin.

La recherche de la dominante est la clé de voûte de toute l’interprétation car il s’agit de s’engager sur la bonne piste dès le départ à partir d’une hiérarchie des valeurs.

 

Cette recherche délicate et décisive a préoccupé tous les astrologues et il faut bien avouer qu’il existe de nombreuses méthodes allant de celles des astrologues grecs (du temps de Ptolémée) où la dominante était appelée « maître de la géniture », en passant par les méthodes chiffrées souvent longues et fastidieuses de Morin de Villefranche ou d’Alexandre Volguine (méthode du « maitre de nativité »), celle d’Etienne Cosyns, pharmacien et astrologue qui a élaboré une méthode en testant les dominantes en fonction des pathologies des malades et bien d’autres encore dont celle, plus simple (sans être simpliste) et applicable d’André Barbault.

 

Personnellement, à l’instar de certains astrologues (comme Brahy, Gouchon, Barbault et bien d’autres) je ne suis pas adepte des méthodes chiffrées qui prétendent convertir des valeurs essentiellement qualitatives et complexes en coefficients quantitatifs. En effet comment sérieusement et fiablement mettre en équation l’humain ?

La recherche de la dominante doit rester une question de « coup d’œil », d’appréciation personnelle, d’expérience, d’inspiration, sans pour autant mettre de côté une méthodologie rigoureuse ni verser dans une subjectivité trompeuse.

 

La méthode que je propose ici n’est bien sûr pas personnelle, c’est un mix de ce que j’ai appris en cours, lu, compris, intégré et expérimenté. Il n’existe de toute façon pas de méthode parfaite et infaillible.

 

- Le premier point de la méthode découle de la règle essentielle énoncée par André Barbault : « Plus une configuration est spécifique à la naissance, c’est-à-dire plus elle est propre à l’instantané de la naissance (au croisement précis de son lieu et de son instant) et plus elle particularise, donc plus elle « signe » l’individu. » La hiérarchie des valeurs à chercher est entièrement fonction de cette règle.

 

Horloge astronomique pragueDans cet ordre d’idées, si aucune des diverses méthodes existantes n’est parfaite, la plupart des astrologues sont d’accord pour considérer qu’une planète conjointe à un angle (principalement l’Ascendant et le Milieu du ciel) est la dominante ou fait partie des planètes qui dominent le thème. 

 

Notez donc la (ou les) planètes en conjonction avec un des angles.

Dans l'ordre : AS, MC, DS et FC ou (selon les auteurs) MC, AS, DS et FC.  A distances égales l’astre qui est à l’Ascendant (AS) ou au Milieu du Ciel (MC) prévaut sur celui qui se trouve au Descendant (DS) ou au Fond du Ciel (FC).

 

La plupart des astrologues prennent un orbe de 8° pour une conjonction à un angle, certains vont jusqu’à 10° voire 15° (cas d’A. Barbault) s’il s’agit d’un luminaire ou du maitre de l’AS. Naturellement plus la planète conjointe à un angle aura un orbe serré, plus elle gagnera en puissance.

Si plusieurs planètes sont angulaires elles participent ensemble à la constitution de la dominante, celle étant la plus proche de l’axe occupant le premier rang.

 

Selon l’astrologue J. Méry (qui reprend des textes anciens), la planète présente dans l’espace compris entre le 5ème degré au-dessus de l’AS (en maison XII) et le 25ème degré au-dessous de l’AS, c’est à dire en maison I, est la planète vitale. Elle est appelée Hyleg, terme persan qui signifie « qui donne la vie » ou encore définie comme « la planète dirigeante au moment de la naissance ».  S’il y a plusieurs planètes dans ce champ c’est la plus proche de l’AS qui est l’Hyleg.

Mais d’autres astrologues considèrent que les luminaires, Soleil et Lune, sont Hyleg, à condition de se trouver en maison hylegiale. Les maisons hylegiales sont les Maisons I, XI, X, IX, VII (maisons dont les cuspides sont au-dessus de l'horizon ou à l’horizon hors la VIII et la XII). Cependant l’Ascendant est considéré Hyleg quand aucun des luminaires ne se trouve en maison hylegiale. Le maître d’Hyleg (le maître d’AS) prend alors une importance particulière.

Cette notion d’Hyleg est issue d’une Astrologie ancienne et est tombée en désuétude (sauf chez les tenants d’une Astrologie traditionnaliste), elle est cependant intéressante.

 

- Le deuxième point à considérer est la (ou les) planète(s) conjointe(s) au maître de l’Ascendant.

De nombreux d’astrologues considèrent que la première dominante d’un thème astral est systématiquement la planète maîtresse de l’Ascendant. En fait elle fait à juste titre partie des co-dominantes d’un thème mais si une planète est conjointe au maître de l’AS alors c’est cette planète qui prendra le relais de dominante (avec la ou les planètes conjointes aux angles). Pour ma part j’ai tendance à estimer que c’est la conjonction des deux planètes qui est dominante.

 

Cependant, il y a une exception avec les conjonctions au Maître d’AS : la conjonction du Maître d’AS au Soleil ou à la Lune ne valorise pas le Soleil ou la Lune mais le Maître d’AS lui-même qui voit sa puissance fortement augmenter : il devient dominant.

Ainsi un AS Sagittaire avec un Jupiter (maître d’AS) conjoint au Soleil va amplifier le caractère jupitérien de la personne : optimiste, généreux, jovial, extraverti, bienveillant, avec une tendance à prendre beaucoup d’espace voire de l’embonpoint. Si cette conjonction Jupiter-Soleil est mal aspectée l’ego de cette personne risque d’enfler démesurément, il sera excessivement content de lui, profiteur, hâbleur, fera preuve d’une moralité aléatoire et pourra avoir des déboires avec la justice.  

 

Remarque : Une planète en opposition, carré, trigone ou sextile avec le maître de l’Ascendant est également à prendre en considération, surtout si elle forme des aspects aux luminaires par exemple, ou se trouve mise en valeur par sa conjonction avec un angle ou dans la maison I ou X.

 

- En troisième point vient la (ou les) planète(s) en conjonction avec un luminaire.

Toute planète conjointe au Soleil ou à la Lune (les deux grands dispensateurs de la vie sur Terre) prend une valeur de dominante puisque celle-ci viendra systématiquement « colorer » la qualité solaire (émettrice) ou lunaire (réceptive) d’un individu, de même que le Soleil met la lumière sur cette planète et la Lune en fait émerger l’inconscient et l’instinctif.

Ainsi un Mars conjoint au Soleil fait d’un individu un marsien, c’est-à-dire une personne dynamique, courageuse, enthousiaste, mais aussi colérique, agressive voire violente en fonction des aspects reçus.

Conjonction lune saturne

En outre il faudra prêter une attention particulière à la planète maitresse du signe où se trouvent le Soleil et la Lune (cette dernière étant particulièrement importante dans un thème féminin), et ce d’autant plus si elle forme un aspect avec les luminaires.

Par exemple un Mercure conjoint au Soleil en Capricorne faisant un sextile avec Saturne (maitre du Capricorne) tend à renforcer le côté sérieux, le mental rigoureux, méthodique, solide du natif et à accorder de l’importance (valeur de co-dominance possible) à ce Saturne même s’il n’est pas conjoint au Soleil.

 

Dans le cas d’une naissance à la Nouvelle Lune, c’est-à-dire que le Soleil et la Lune sont conjoints (sans être conjoints à une autre planète), ce n’est ni le Soleil ni la Lune qui se trouvent valorisés mais le signe zodiacal dans lequel ils se situent.

 

- Quatrième point : les planètes en maisons I et en X (non conjointes à l'Ascendant ni au Milieu du ciel).

Elles sont considérées par de nombreux astrologues comme co-dominantes (cela nous ramène, en ce qui concerne la maison I, à la notion d’Hyleg vue plus haut puisqu’on prenait en compte toute planète placée jusqu’au 25ème degré au-dessous de l’AS).

 

- Cinquième point : La planète la plus aspectée.

Une planète peut se distinguer des autres par le nombre élevé d’aspects qu’elle forme avec d’autres planètes ce qui lui procure une place de co-dominante. On accordera plus d’importance aux aspects majeurs (conjonction, opposition, carré, trigone, sextile), ainsi qu’aux aspects formés avec les luminaires et le maître de l’AS. Il va sans dire que plus l’orbe est petit plus l’aspect est puissant.

 

- Sixième point : les planètes en domicile ou en exaltation.

Dans ce cas ces planètes, sans être dominantes (sauf si elles remplissent également certaines des conditions des 5 premiers points de la méthode), gagneront une importance et une puissance particulière.

Par exemple : Une Vénus exaltée en Poissons ou en domicile en Taureau donnera une aura de charme et une attractivité forte à la personne qui opèreront dans toutes ses relations. Un Mercure en Gémeaux, signe qu’il gouverne, fera du natif un être particulièrement vif, curieux de tout, multifacettes et plein de talents qu’il pourra utiliser dans de très nombreux domaines de sa vie.

 

On pourrait encore ajouter deux points à cette méthode (par exemple les planètes conjointes aux Nœuds lunaires ou la planète focus d’une figure planétaire comme le Yod, le Seau, l’Eventail ou le Cerf-volant) mais cela finirait par multiplier le nombre de dominantes et diluer le principe de hiérarchisation propre à cette notion de Dominance.

 

Mais avant de finir signalons qu’un Signe ou une Maison peuvent être dominants.

En effet comme il est dit au 3ème point, lorsque le Soleil et la Lune sont conjoints (sans être conjoints à une autre planète), c’est-à-dire que l’individu est né lors d’une Nouvelle Lune, ce n’est ni le Soleil ni la Lune qui sont valorisés mais le signe zodiacal dans lequel ils se situent (mais aussi la maison).

D’une façon générale s’il y a au moins 3 ou 4 facteurs astrologiques importants ou plus (planètes, luminaires, Nœuds Lunaires, Chiron, Lune Noire, Part de fortune…) dans un signe ou une maison, ce signe ou cette maison devient dominant(e).

 

Louis xi 1423 1483André Barbault donne le cas d’une maison valorisée et qui devient la dominante du thème : le thème natal du roi Louis XI présente tout un ensemble constitué par l’AS Scorpion, le carré de cet AS avec Mars (maitre d’AS) et l’occupation de la maison VIII (analogue au Scorpion) par le Soleil, Mercure, Neptune et Pluton. De plus la Lune gouverne cette maison VIII (Cancer) et est conjointe au DS (ce qui lui donne le rôle de co-dominante) et le Soleil placé dans cette maison VIII envoie un trigone à l’AS Scorpion. Avec un tel faisceau d’éléments concordants la maison VIII joue le rôle principal.

 

Au final : Pour ne pas se retrouver avec trop de dominantes (l’idéal serait d’en dégager 2 ou 3) et de co-dominantes, il faut garder en tête que les trois premiers points de la méthode sont les plus essentiels pour déterminer la ou les dominante(s).

Il va sans dire qu’une planète qui cumule plusieurs de ces points sera la plus puissante (par exemple si Jupiter (ou Neptune), maitre de l’AS Poissons, est conjoint au MC et à la Lune il a toutes les chances d’être la planète dominante du thème).

Les autres points de la méthode sont néanmoins à prendre en compte (l’ordre de ces différents points après le 3ème n’étant pas figé).


Exemple (A. Barbault) : planètes dominantes dans le thème du roi Louis XIV :

Portrait of louis xivL’astrologue André Barbault (qui a étudié et déterminé les dominantes des rois de France) ne donne que deux dominantes pour ce grand roi : le Soleil conjoint au MC (à 12°) en maison X et Jupiter conjoint à l’AS (à 13°) en maison XII ; l’angularité est certes éloignée mais le Soleil est aussi en sextile à l’AS et Jupiter en sextile au MC ce qui les renforce l’un et l’autre. En outre le Soleil gouverne la conjonction Lune-Vénus en Lion ce qui là encore amplifie son champ d’influence et justifie le qualificatif de « Roi-Soleil » attribué à Louis XIV.

 

Pour ma part j’ajouterais à ce duo de dominantes la dominance de Neptune qui se trouve à seulement 3° de l’AS, qui plus est en maison I et en sextile au Soleil (A. Barbault utilisait essentiellement les planètes visibles du septénaire). Sachant que ce Neptune (tout comme Jupiter) maitrise la maison IV (Poissons) qui représente à la fois la famille, les ancêtres, le royaume qu’il gouverne, la demeure et la fin de vie : ce Neptune symbolise parfaitement sa lignée familiale royale grâce à laquelle lui est octroyée sa royauté de « droit divin ».

Neptune représente également la construction du fastueux château de Versailles dédié à sa gloire, à sa puissance et à la perpétuation de son mythe (avec près de 10 millions de visiteurs par an, Versailles figure parmi les sites historiques les plus visités du monde). Enfin ce Neptune Scorpion à l’AS, maitre de la maison IV, symbolise sa repentance vis-à-vis de son « péché de chair » et son retour à l’esprit religieux à la fin de sa vie.

 

Tn louis 14

 

 

On peut aussi ajouter deux dominantes (ou co-dominantes) : Vénus et Mercure.

En effet Vénus est conjointe à un luminaire, la Lune, elle gouverne une maison angulaire, la maison VII Taureau (associations, mariages, ennemi(es)), et fait partie d’un carré en T dont la dominante Jupiter est l’apex (double carré de Jupiter à Lune-Vénus et à Saturne, Saturne étant opposé à Lune-Vénus). Cet aspect de T-carré fait référence aux appétits sensuels du roi le poussant à l’adultère et à ce que A. Barbault qualifie de « polygamie olympienne », ainsi qu’à l’alternance entre l’ère des fêtes, des amours, de la magnificence, des victoires et les heures saturniennes de l’isolement, de la solitude, des deuils familiaux, de la misère du peuple et de la résignation finale.

 

Quant à Mercure il est en conjonction large (11°) au Soleil (qu'il gouverne) en maison X et en domicile dans le signe de la Vierge conférant à Louis XIV une intelligence analytique, un esprit précis ayant le sens du détail et de la minutie autant dans ses réalisations (Versailles), ses planifications (guerres, fêtes) que dans l’administration de son royaume.

 

 

Bibliographie :

- Traité pratique d’Astrologie, André Barbault, Editions du Seuil, 1961.

- Traité d’Astrologie, J. Méry, Dervy-Livres, 5ème édition, 1958.

- Cours d’Astrologie structurale, Christian Duchaussoy. 

- Comment trouver les dominantes astrales d’un thème natal ? Guillaume Cosnier, Avril 2019, http://www.cinquiemesoleil.com/blog/dominante-theme-astral/  

- Échelle des dominantes planétaires, Jean-Marie Michiels, 2015, http://www.astrocours.be/Les-aspects/dominantes-planetaires.html

 

Le 14 janvier 2023

 

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Date de dernière mise à jour : 14/01/2023